Tourisme autochtone: sensibilisation et futur du tourisme au Québec
Le mois dernier, nous avons offert à nos étudiants en Techniques de tourisme un panel de discussion sur le tourisme autochtone; un sujet tellement important pour le futur du tourisme, et ce, partout à travers le monde, mais qui parfois, peut s’avérer tabou, méconnu ou même délaissé par les créateurs de voyages.
Pour en parler avec sincérité et passion, et pour avoir l’heure juste sur le sujet, nous avons invité deux expertes en la matière à venir rencontrer nos étudiants:
- Kimberly Cross, agente de développement touristique, Tourisme Kahnawake
- Colombe Bourque, directrice du développement touristique pour l'Industrie touristique de Wendake
Sous la brillante animation d’Arora Harshman Singh, étudiant en tourisme, trois autres étudiantes, Brittany Felde, Kayla Meyer et Shalini Shalini, se sont jointes à la discussion afin de poser leurs questions à nos invitées.
Cet événement a été rendu possible grâce à nos incroyables étudiants et à deux de nos enseignantes en tourisme: Josie Salvo et Carmen Ciotola. Merci pour votre passion, pour votre efficacité et pour votre dévouement envers vos étudiants!
On vous partage un aperçu de la discussion… Bonne lecture!
Sensibilisation au tourisme autochtone pour les touristes potentiels
1. Avec la pandémie, les gens voyagent davantage à l'intérieur de leur propre pays... Voyez-vous donc un potentiel plus grand sur le marché québécois?
Colombe: Votre premier client ou ambassadeur sera presque toujours votre voisin… Alors oui, nous avons réalisé cela au cours des deux dernières années.
Les gens apprennent beaucoup quand ils viennent nous voir et c'est ce qu'ils veulent (ils veulent bien manger et dormir aussi, mais surtout apprendre). De plus, les Premières Nations prennent grand soin de leur terre et de leur peuple, et pour cette raison, les Québécois considèrent que c'est une destination très sûre.
Kimberly: Nos efforts sont habituellement mis sur l'international, mais nous avons effectué un virage au cours des dernières années et cela nous fait repenser notre offre et nos produits. Les gens ont encore des préjugés et des réticences envers les peuples autochtones et nous devons briser ces barrières et rétablir la confiance pour que les gens reviennent vers nous.
2. Comment l'industrie du tourisme vous aide-t-elle à promouvoir la culture autochtone?
Kimberly: Par le biais de leur site web, la production d'un magazine contenant des articles sur la culture et l'histoire, les salons du tourisme, etc. Les associations contribuent grandement à notre promotion.
Colombe: Destination Canada et Tourisme Québec nous ont aidé à nous développer. Maintenant, le principal produit qui aidera le Canada à surmonter la pandémie est le tourisme autochtone. Ils ont besoin de nous maintenant...
The Future of Indigenous Tourism in Quebec
1. Comment envisagez-vous l’avenir du tourisme autochtone au Québec?
Colombe:L'avenir est très prometteur! Beaucoup de communautés au Québec et au Canada s’aperçoivent que le tourisme est un bon secteur économique: les gens réalisent qu'ils peuvent vivre en partageant leur culture avec les autres… C'est donc un succès!
Un point très important est que les nations veulent partager leur réalité, elles ne veulent pas être un attrait touristique comme Disney. Elles ont leur propre identité, elles sont différentes d'une communauté à l'autre et c'est en partageant les vraies choses que nous aurons du succès. Les peuples autochtones du Canada et ceux des autres pays sont complètement différents. Au Canada, nous avons des gens avec des valeurs qui viennent plus du cœur.
Kimberly: Nous partageons des expériences authentiques, nous voulons nous assurer que nos produits (chaussures, bijoux) sont fabriqués localement… Car pendant longtemps, ils ne l'étaient pas, ils venaient d'un autre pays et c'est dommage parce que nous avons beaucoup de talent.
Les gens veulent nous visiter plus qu'il y a 5 à 7 ans. Depuis les récents événements avec les pensionnats autochtones, les gens sont plus conscients et veulent davantage nous connaître. Et c'est dans les deux sens, nous voulons aussi vous rencontrer (les visiteurs du monde entier).
2. Existe-t-il un équilibre entre l'offre et la demande pour éviter le surtourisme?
Colombe: Nous avons plus de demande que d'offre. Nous ne pouvons pas dire oui à tout… Depuis deux ans, les gens doivent réserver, donc nous devons élargir notre offre.
Kimberly: Idem, tout est sur réservation. Nous sommes en phase de développement, mais nous voulons nous assurer que le tourisme reste à l’extérieur des zones résidentielles afin de ne pas déranger nos habitants.
Les gens visitent nos entreprises ou nos offices de tourisme, ce qui est bon pour l'économie. Nous voulons que la communauté sente qu'en allant de l'avant, notre peuple a une voix. Nous ne mettrons plus les lieux touristiques dans les zones résidentielles. Chaque fois que nous présentons un plan, nous examinons les risques et nous intégrons les partenaires de la communauté.
Colombe: La façon de voyager a beaucoup changé. La tendance est maintenant au tourisme lent: les gens veulent rencontrer des gens, parler avec des gens et connaître les gens, pas seulement visiter autant de lieux que possible.
3. En tant que finissants en tourisme, quel est notre rôle et que pouvons-nous faire?
Kimberly: Soyez un activiste dans votre entourage. Au fur et à mesure de vos voyages, gardez toujours les autochtones à l'esprit.
Il y a eu tellement de bruit à propos de ce qui s'est passé dans les pensionnats, les gens veulent savoir pourquoi… Mais effectuez vos recherches avant de venir nous rendre visite. Nous avons beaucoup de blessures à guérir encore. Il faut garder à l'esprit ce que les gens traversent.
Colombe: Quand on commence à travailler dans l'industrie du tourisme, il faut s'immerger dans le produit que l'on va promouvoir. Si vous voulez vraiment représenter les autochtones, immergez-vous dans leur culture. Allez vivre avec eux. Apprenez à les connaître. Moi, il m'a fallu deux ans pour connaître mon peuple et ce qu'il a à offrir et maintenant je ne veux plus partir!
«Rappelez-vous toujours que, où que vous soyez, vous êtes sur la terre d'un autochtone. Trouvez sur quelle terre vous êtes.»